Le Bruit des lames est un livre auto-édité. Différente de l’édition à compte d’auteur, l’auto-édition consiste pour un auteur à prendre en main chaque étape de son livre, de l’écriture à l’impression, voire à la distribution. C’est ainsi que j’ai pu choisir de qui je souhaitais m’entourer pour arriver au résultat que je souhaitais. Maquette, correction, design, impression, plusieurs prestataires sont intervenus pour apporter leur pierre à l’édifice, pour m’aider à obtenir un produit final le plus proche possible de celui que je souhaitais présenter.
Mais avant de choisir ce chemin, j’ai beaucoup hésité et longue est la liste de ceux que j’ai sollicités pour me conseiller avant de choisir. Petit retour sur cet itinéraire :
Quand un éditeur valide la qualité du manuscrit
Extrait de conversation téléphonique :
« M. Aubrit ? Je vous appelle à propos du manuscrit que vous m’avez envoyé hier. Vous savez, on reçoit rarement des projets de cette qualité.
— Merci…
— Mais bon, moi j’ai un problème, c’est que ça ne va pas se vendre ! Enfin, ça ne parle qu’aux escrimeurs votre livre… »
Je raccroche, interloqué par cet échange avec un éditeur qui m’explique qu’il ne s’engagera que s’il a des garanties de vente. Mais comment garantir quoi que ce soit quand on se trouve – en plein confinement – dans une situation inédite dans l’histoire de l’humanité ? Étrange impression d’avoir ferré un poisson trop gros et de ne pas avoir ni la ligne, ni les épaules pour le remonter sur le bateau. Reste un compliment très fort, prononcé par quelqu’un qui voit passer des dizaines de manuscrits tous les jours depuis 40 ans et qui ne semble pas être du genre à donner dans la flatterie.
Et qu’un auteur transmet un peu de sa rébellion
Quelques jours plus tard, autre interlocuteur, autre échange :
« Donc, vous me dites que vous savez à qui vous allez le vendre, que vous connaissez bien votre public et que vous êtes déjà un peu connu dans le milieu ? Mais à quoi au juste va bien pouvoir vous servir un éditeur, à part prendre des sous sur votre bouquin ? Vous avez déjà entendu un auteur dire que son éditeur a changé sa vie ? Moi non. Vous irez en voir un quand vous aurez besoin de sa force de frappe. En attendant, faites votre projet, faites votre bouquin et laissez tomber le reste. Vous n’avez pas besoin d’eux. »
Une nouvelle fois, je raccroche le téléphone dans l’expectative. Ce que vient de me dire mon interlocuteur, j’y avais bien pensé. Mais venant d’un auteur qui vend des centaines de milliers de livres, ça sonne différemment.
Pendant plusieurs jours, je pèse le pour et le contre. Trouver un éditeur qui accepterait mon livre (de taille plus modeste, puisque les gros ne s’engageront pas sans un soutien clair et écrit de la fédération, dont les membres ont d’autres chats à fouetter en cette période électorale) ou bien le sortir en auto-édition ?
Auto-édition, liberté et autonomie
Lorsque le groupe Radiohead avait annoncé en 2007 qu’il sortirait son album In rainbows uniquement en téléchargement, j’ai été le premier à applaudir. Aujourd’hui, avec un bon carnet d’adresse, tout le monde peut avoir accès aux mêmes conditions qu’un éditeur pour sortir un bon livre. Correcteurs/trices, maquettistes et imprimeurs ont leurs site internet et peuvent faire bénéficier n’importe quel auteur de leurs services. Le résultat final n’a rien à envier à ce qui sort des grosses maisons. Seule la commercialisation diffère puisqu’un auteur indépendant ne possède évidemment pas les moyens de diffusion de Grasset ou de Flammarion.
J’ai fini par prendre ma décision, aux lecteurs maintenant d’en juger le résultat et de promouvoir le livre par le bouche à oreille s’il en vaut la peine !
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Image du bandeau Rhema Kallianpur on Unsplash