Le Bruit des lames est préfacé par Gérard Six, maître d’armes, historien, et j’en passe, véritable bible vivante de l’escrime et grand humaniste. Voici l’histoire de cette collaboration, elle remonte au début des années 2000, tout comme ce livre.

1e rencontre : une attraction commune pour les livres

J’ai connu Gérard Six en 2002. A l’époque, grâce à Albin Sirven, alors directeur technique national adjoint de la FFE, qui m’avait autorisé un accès illimité aux photocopieuses de la fédération, je tentais de reconstituer une bibliothèque digne de ce nom pour l’école des maîtres d’armes ; projet ensuite repris par d’autres, mais jamais vraiment abouti. L’idée n’était évidemment pas d’y faire figurer les ouvrages peu nombreux que l’on pouvait trouver en librairie, mais de centraliser les monographies qui traînaient ça et là : mémoires universitaires, mémoires de BEES2 (DE aujourd’hui), études techniques diverses, ce qui aurait constitué une véritable mine pour les maîtres. Aujourd’hui, ce serait bien plus facile de scanner ces travaux et de les faire figurer sur un site, mais cela nécessiterait une volonté qui est parfois affichée, mais non suivie de faits. On m’avait orienté vers Gérard, que j’avais alors rencontré à son domicile de Torcy. J’étais reparti ensuite dans le RER A avec des cartons de trésors sous le bras, alimentant les dépenses en cartouches d’encre de la rue Moncey la semaine suivante afin de pouvoir restituer ses trésors à Gérard. Le Bruit des lames n’était pas encore écrit, il ne germait même pas encore dans mon esprit.

Gérard Six et moi ne nous sommes pas revus ensuite, sauf peut-être au hasard d’un stand lors de la fête des jeunes, échangeant alors une brève poignée de main transpirante (à une époque où on le pouvait encore) entre deux hurlements d’ados surexcités par la chaleur et la testostérone.

2e rencontre : une attraction commune pour l’écriture

Puis, nous nous sommes retrouvés grâce à Facebook, que lui comme moi utilisons afin de diffuser des contenus liés à l’escrime. Lorsque j’ai repris le Bruit des lames en 2020, il m’est apparu évident qu’en sa qualité d’auteur à succès de l’escrime (sans aucune connotation péjorative), comme en sa qualité d’historien et de maître d’armes, il pouvait à coup sûr évaluer l’intérêt de publier cet ouvrage.

Le retour qu’il m’en a fait m’a non seulement convaincu de transformer l’essai, mais du fait que Gérard semblait avoir saisi ce que j’avais tenté de faire passer dans mon texte, cela m’a également convaincu qu’il était le mieux placé pour en rédiger la préface.

La préface, souvent sautée à tort

On dit que personne ne lit les préfaces, c’est bien dommage. Elles sont parfois meilleures que le livre qui les suit, ce qui pourrait représenter une impolitesse comme celle qui consiste à se présenter à des noces en étant plus élégant que le marié. En fait, la préface sauve parfois l’ouvrage, lorsqu’elle parvient par exemple à rendre le propos de l’auteur compréhensible. Comme un bijou discret, la préface peut magnifier le résultat d’une tenue apprêtée si elle est réussie, mais ne la gâchera pas si elle est ratée. Ici, elle est évidemment réussie, mais je ne prenais aucun risque en la confiant à Gérard Six.

Gérard Six

 

 

 

Gérard Six est maître d’armes, historien, doctorant en sociologie, auteur, président de la commission patrimoine et honneur.
Il est l’auteur des livres suivants :

– 100 ans d’escrime ; Histoire de la FIE, 2013 ;
– Un pour tous, tous pour un, Histoire des championnats du Monde d’escrime, Cherche Midi, 2010, en coll. avec le CRIS de Lyon ;
– Héros et légendes de l’escrime, 2013 ;
– « Escrime » chez Hachette, 1999 ;
– Coubertin et l’escrime 2013 ;
– « Invention de l’escrime » Ed. 4 chemins en coll. avec le Musée national du Sport ;
– « Phrases d’armes et sentences » en trois langues ;
– « Je collectionne les timbres d’escrime » 1 et 2 ;
– Coauteur de « Histoire des maîtres d’armes » Avec Wackermann P.

 

Image du bandeau : Brett Jordan on Unsplash